Paris Brest Paris (Jean-Luc) 20/08

Une très belle performance de la part de Jean-Luc et ce pour plusieurs raisons : 2ème PBP à son compteur, son soutien pour ‘le combat de Delphine’, une côte fêlée pas tout à fait remise au départ et au final des conditions difficiles rencontrées sur la deuxième partie ou il fallut faire preuve d’un gros mental pour boucler ce PBP. D’ailleurs on ne sait plus trop ce qui était le plus fêlé : la côte de Jean-Luc ou Jean-Luc lui-même ? En tous cas : un grand bravo ! Plus bas, le périple raconté par Jean-Luc lui-même.

Prêt pour un périple de 1200 kms après mon accident de vélo qui a perturbé ma préparation à cause d’une cote fêlée. Je vais devoir faire avec, en espérant que la douleur ne s’aggrave pas (je prevois du Nurofen au cas où). La météo annoncée me permet de partir léger avec un vélo de 13 Kgs. Le départ se fait sous une grosse chaleur le dimanche 20 aout à 16h30. L’émotion est forte avant de prendre le départ mais je me sens relax et déjà concentré sur cette épreuve. C’est parti extrêmement vite avec une moyenne à 32 km/h sur les 200 premiers kms. Tout le monde voulait être dans le peloton qui était encore à plus de 100 unités à l’arrivée de Mortagne. Le peloton est la zone de confort du cycliste, mais beaucoup ont oublié que l’on partait pour une longue randonnée et non pas une course. Certain vont le payer très cher par la suite. J’ai dû m’arrêter 8 Kms avant Mortagne au Perche car tous mes bidons étaient vides depuis longtemps. Après ça, je suis vraiment rentré dans l’ambiance du Paris Brest Paris avec le plaisir de rouler en compagnie de petits groupes constitués au gré des circonstances. Il faut savoir que cette épreuve regroupe 40 nationalités avec des cyclistes au caractère bien trempé qui permet de belles rencontres éphémères la plupart du temps. L’ambiance sur le bord des routes est magnifique avec tous ces encouragements, même la nuit à des heures impossibles. Vilaines la Juhel vers 23H30 restera toujours un des meilleurs moments pour son accueil, Chaque point de contrôle est pour moi un bonheur avec la restauration qui va avec. Je fais le plein d’énergie à chaque arrêt pour repartir en forme sur l’étape suivante. Direction Fougères dans la nuit douce avec de superbe route tranquille ou j’ai pu rouler à ma guise et au feeling avec de bonnes sensations. C’est bien la nuit ou je suis le plus efficace grâce à la fraicheur et au calme. Arrivé à Fougères vers 3H30, en forme et pas de douleur particulière, c’est plutôt bon signe pour la suite. L’étape suivante vers Tinténiac sera la plus courte mais content d’y arriver vers 6H15 ou m’attend la team intendance Isabelle ,Christophe et Fabrice. Une bonne douche, un repas copieux en leur compagnie, c’est toujours bon pour le moral. Les pauses sont importantes pour moi, car je fais un checking sur tout ce dont j’ai besoin pour l’étape suivante. Loudéac vers 11H, je suis toujours proche de mon plan de route et c’est plutôt bon signe pour la suite. J’arrive à mon 2ieme repas après 2 petits déjeunés, rien que pour ça, j’adore PBP. Mais les choses sérieuses vont commencer et je vais moins rigoler sur mon vélo. Les 30 Kms après Loudéac sont terribles avec des cotes interminables, ensuite les routes sont devenues plus douces pour atteindre Carhaix vers 16h00. Reparti pour Brest avec des amis cyclo d’Angers Rémi et Anthony qui donne des signes de fatigue. Tout va bien pour moi et maintenant et j’ai hâte d’atteindre Brest, mais pour cela il faut passer quelques collines dans les Monts d’Arrhée, de superbes paysages avec une fraicheur relative. Mon rythme est ralenti mais cela m’arrange pour éviter de prendre dans mes réserves. Arrivé à Brest vers 20h30, content d’être à mi-chemin avec un peu de retard sur mon plan de route. Restauration, réglage du vélo par un mécano car j’ai des soucis au niveau de mes vitesses. Je laisse mes amis d’Angers pour se reposer et je repars pour affronter ma 2ieme nuit. Très vite je vais comprendre que je ne peux plus passer mes vitesses après avoir quitté Brest malgré l’aide d’un connaisseur. On m’a conseillé d’aller à Carhaix pour résoudre ce problème mécanique. J’ai attrapé un groupe qui m’a permis d’atteindre Carhaix avec mes 2 vitesses (50-11 et 34-11), les cyclos m’ont pris pour un fou car je me suis arraché en danseuse pour passer les difficultés. Carhaix à 3h20, profité pour reprendre des forces et voir le mécano. Verdict, il m’a conseillé d’aller à Loudéac car il n’avait pas de manette hydraulique. Je prends mon vélo et me voilà reparti pour 90 kms pour traverser le centre Bretagne par Pontivy. J’ai continué tant bien que mal à passer ces bosses à répétitions qui font mal, et j’ai fini à l’agonie sur les 20 derniers kms avec un mal de dos pas possible. Enfin Loudéac à 8H30, une pause bien méritée et surtout mon vélo sera réparé avec une révision complète pour finir ce périple. Je suis vraiment soulagé de retrouver mon attelage en parfait état. Mais il y a un soucis qui m’inquiète sérieusement, le mal de dos ressenti lors de l’arrivée sur Loudéac. The road go on et je repars pour Tinténiac sur les routes que je connais très bien. Cette partie n’est pas trop difficile et j’ai même oublié que j’avais récupéré mes vitesses. Mais très vite, je comprends que le mal de dos va me suivre et qu’il n’est plus possible de tirer grand. Je sens que la route va être longue jusqu’à Tinténiac, et c’est vraiment le cas. Tout le monde me double et impossible de suivre un groupe, le moral est en baisse sérieusement jusqu’à penser à mettre mon gilet jaune pour éviter d’être reconnu. J’atteins Tinténiac avec mes incertitudes à 15hOO, le repos que j’avais prévu s’est transformé en une sieste de 15mn, ça fait un bien fou. Je retrouve Rémi par hasard qui m’avertit de l’abandon d’Anthony après Brest. Il se propose de m’accompagner jusqu’à Fougères ou je dois retrouver amis et famille. Avant de rejoindre Fougères, je me souviens avoir mis dans mes sacoches du nurofen pour mes douleurs costales. Et c’est parti pour les 60 kms qui sépare les 2 points de contrôles. Sur les belles routes qui nous emmène sur Fougères, j’ai pu remettre du braquet sans gène particulière, tout de suite j’ai retrouvé le plaisir de rouler et cela m’a rassuré pour la suite. Arrivé sur Fougères à 18H30, avec un comité d’accueil qui m’a fait chaud au cœur. Un moment agréable ensemble, mais le temps passe vite et ils m’ont conseillé de me reposer 45 mn avant de reprendre la route. Reparti avec Rémi pour Vilaines la Juhel, se tronçon se passe très bien avec de super sensations et toujours roulé en groupe. Vilaines à 2h00, les soucis sont derrière moi et je commence comprendre que ça va le faire pour rejoindre Rambouillet le mercredi 23 dans l’après-midi (je dois arriver avant minuit). Rémi a besoin de dormir et me propose son van pour se reposer, je me permets une sieste de 3H00 pour repartir en pleine forme. Les 1000 kms sont passés, j’ai bien récupéré et prêt pour réaliser les 200 derniers kms dans les meilleures conditions. Effectivement, le trajet vers Mortagne n’a été que du plaisir avec de super ride avec des Anglais au départ puis des Allemands pour finir. Arrivé à Mortagne vers 10h00, et prêt pour traverser les plaines venteuses avant Dreux, toujours de bonnes sensations et accompagné par de sacrés rouleurs, j’étais concentré à garder les bonnes roues pour atteindre rapidement le check point de Dreux à 14H00. Les 40 derniers kms ont été avalé rapidement avec Tobias (le rouleau compresseur des plaines de Dreux) et un Grec pour atteindre Rambouillet à 16h00 avec un sentiment de fierté et une certaine émotion car tout n’a pas été simple. Je suis arrivé bien fatigué mais que c’est bon…